Si les actions individuelles sont importantes dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’engagement des entreprises l’est encore plus.
La Commission Européenne souhaite ainsi mettre à disposition des entreprises et des consommateurs une méthode standardisée pour évaluer l’empreinte environnementale des produits tout au long de leur cycle de vie.
En clair, il s’agit d’un score, calculé avec différents critères et qui permettra d’évaluer l’empreinte environnementale d’un produit, tout au long de son cycle de vie.
Cette décision a plusieurs objectifs :
Tout cela dans un seul et même but : réduire l’impact environnemental des biens, services et organisations.
Cet article propose d’explorer en profondeur la PEF, son importance et son application dans le contexte des entreprises mais aussi des consommateurs en Europe.
Nous aborderons également comment cette méthode peut aider les sociétés à comprendre et réduire leur bilan carbone, un aspect de plus en plus crucial de la responsabilité sociale des entreprises.
Depuis plusieurs années, la manière de consommer des français et des européens évolue.
Parmi leurs préoccupations lors de l’achat de produit et service, la consommation durable semble prendre une part de plus en plus importante.
D’après l’étude ci-dessous, 61% des interrogés disent prendre en compte davantage les critères de développement durable dans leurs achats.
Près d’1 Français sur 2, privilégie l’achat de produit Français et respectueux de l’environnement plutôt que d’autres produits
(Etude « La préparation d’achat de produit de bricolage et jardinage« , Avril 2022).
Pour opter pour un achat éco-responsable, les Français se tournent principalement vers des produits fabriqués en France ou en Europe, parfois bio dans le cas de l’alimentaire, et dont ils estiment que la marque est plutôt vertueuse pour l’environnement.
Il existe aujourd’hui de nombreux moyens pour les entreprises de présenter l’impact d’un produit sur l’environnement :
Les marques l’ont bien compris, vendre vert et écologique permet de mieux vendre, d’autant plus si les consommateurs sont prêt à payer plus cher un produit qui promet d’être durable.
Elles n’hésitent pas alors à abuser de déclarations sans nuances et explications, « T-shirt à base de plastique recyclé », « livraison neutre en CO2 », « crème solaire respectueuse de l’océan », « produit à bas carbone »…
En 2020, la Commission Européenne a examiné 150 revendications environnementales (y compris les emballages et la publicité), et a constaté que 53% d’entre elles contenaient des informations soit vagues, soit trompeuses, soit infondées.
De plus, la Commission a également examiné les quelques 230 « écolabels » qui existent au sein de l’UE et a découvert que la moitié d’entre eux avaient des processus de vérification faibles ou inexistants.
Ces cas de greenwashing, ou « éco-blanchissement » pénalisent les consommateurs, qui sont dupés, mais aussi les produits et les marques qui eux s’engagent dans une véritable démarche de développement durable.
Au final, c’est un surplus d’informations dites « écologiques » qui va venir perturber le consommateur qui souhaite réduire son impact environnemental. Il accordera moins de crédits à ces mentions écologiques, même pour celles bien fondées.
79% des consommateurs déclarent manquer d’une bonne information pour se décider à agir ou choisir en faveur du développement durable
Durant l’émission Cash Investigation : Alerter sur le bio diffusée le 6 juin 2023, Stéphane Marie, animateur de « Silence ça pousse » commentait :
« Il me parait important de pouvoir avoir une référence dans laquelle on ait confiance, et j’ai envie d’avoir confiance envers le bio, envers un label que je comprends ».
Nous l’avons vu précédemment, de plus en plus de produits sont commercialisés sous l’étiquette du respect de l’environnement, de l’écologie et du développement durable sans pour autant prouver cet aspect, ce qui complique les achats éclairés que désirent faire une partie des consommateurs.
Ce greenwashing est néfaste dans la lutte contre le réchauffement climatique, les entreprises ne profitant pas de l’élan écologique des consommateurs pour adapter leur processus de fabrication afin de limiter l’exploitation de matière première, la consommation d’énergie, le rejet de carbone et la gestion finale des déchets.
Il existe plusieurs interprétations du concept d’éco-produit.
Selon Gilles Grolleau, Professeur, directeur de recherche et docteur en sciences économiques à l’Université de Bourgogne, un éco-produit répond aux normes de qualité environnementale tout en étant compatible avec les exigences de qualité générale et la rentabilité économique.
Tout au long de son cycle de vie, il a un impact minimal sur l’environnement tout en conservant le même niveau de fonctionnalité que les autres produits.
Ainsi, la Commission Européenne étudie depuis plusieurs années une approche standardisée pour évaluer l’impact environnemental, promouvoir la durabilité et réduire la génération de déchets issus de produits.
Après une phase de test concluante entre 2013 et 2018, la Commission Européenne a adopté le 16 décembre 2021 une recommandation sur une méthodologie : le Product Environmental Footprint (PEF), ou Empreinte Environnementale des Produits.
Cette méthode permet de calculer l’empreinte environnementale d’un produit, tout au long de son cycle de vie, en se basant sur des informations fiables et accessibles à tous (ONG, administrations publiques, partenaires commerciaux).
Le but ? Réduire l’impact environnemental des biens, services et organisations en Europe :
A terme, le Product Environmental Footprint vise à être le seul système de notation de l’Union Européenne.
Bien qu’il n’y ai pas de dates officielles concernant la date de publication de cette nouvelle loi, nous sommes entre les phases d’expérimentation et de concrétisation. De nouvelles informations sur la méthodologie sont attendues courant 2023 et on pourrait voir ce score écologique sur les emballages de produits dès 2024.
Les méthodes de l’empreinte environnementale de l’UE constituent à ce jour le moyen le plus fiable, le plus comparable et le plus vérifiable de connaître l’empreinte environnementale réelle d’un produit ou d’une organisation.
Les Européens sont de plus en plus conscients de leur propre empreinte environnementale et nombreux sont ceux qui souhaitent faire des choix respectueux de l’environnement dans leur vie quotidienne.
Ces méthodes contribueront à améliorer la performance environnementale et à mettre en place une économie véritablement propre et circulaire.
Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen à l’Environnement
Auparavant, la mesure de l’empreinte carbone, ou bilan carbone, était la donnée principale pour évaluer l’impact environnemental.
L’expérimentation de la PEF en Europe a permis de conclure que le rejet de dioxyde de carbone (CO2) ne représente en fait qu’un tiers de l’impact global d’un produit.
La nouvelle méthode PEF est donc évalué grâce à 16 critères environnementaux :
Tous ces critères retenus par le Centre Commun de Recherche Européen (CRR) se basent sur l’Analyse du Cycle de Vie, aussi appelé Life Cycle Assessment.
L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est encadrée par les normes ISO 14040 et 14044.
C’est une approche multicritères qui évalue les impacts environnementaux d’un produit à chaque étape de son existence, de l’extraction des matières premières à sa fin de vie.
Cette méthodologie est au cœur de la Product Environmental Footprint (PEF).
La mise en œuvre d’une analyse PEF nécessite un processus en six étapes, allant de la définition des objectifs à l’interprétation des résultats, aboutissant à une note de 1 à 6, qui évalue la respectabilité environnementale du produit.
L’ACV est précieuse pour la PEF car elle identifie les étapes du cycle de vie d’un produit ayant le plus grand impact environnemental, permettant aux entreprises de concentrer leurs efforts de réduction d’impact là où ils seront les plus efficaces.
De plus, elle met en lumière les opportunités d’amélioration environnementale à chaque étape du cycle de vie d’un produit.
Depuis les années 80, l’ACV est devenue un outil incontournable pour évaluer les impacts environnementaux, utilisé par les instances publiques, la communauté scientifique et les industriels.
La méthode PEF offre de nombreux avantages pour évaluer l’empreinte environnementale des produits selon différents secteurs. Mais comme toute méthode d’évaluation, elle comporte certains risques et défis.
L’émission Cash Investigation a, entre autres, mis la lumière le manque de transparence des labels privés, mais aussi ceux publics.
On apprend ainsi que les citoyens européens n’ont pas la possibilité de se renseigner sur les décisions prises par le Scopaff (Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed), le comité technique rattaché à la Commission Européenne.
Ce comité décide notamment des limites maximales de résidus de pesticides encadré par un label.
Pourtant, ces limites sont inconnues, et les décisions prises ainsi que les membres sont inconnus également.
Une position que défend Stefan de Keersmaecker, porte-parole de la Comission Européenne. Il s’agirait avant tout de permettre aux états membres une certaine liberté de parole et aussi d’éviter toute « pression extérieure ».
A l’avenir, les critères, adaptés selon les secteurs et les catégories, sont annoncés comme transparent et accessible à tous.
L’adoption de la méthode PEF nécessite une veille réglementaire active car les changements de normes et de réglementations environnementales peuvent remettre en question la validité de leurs évaluations.
La méthode PEF s’appuie sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), et il est important de noter que l’ACV a ses propres limites.
Elle omet certains impacts environnementaux, comme ceux sur la biodiversité ou les impacts sociaux.
Ainsi, certaines décisions, à priori bonnes pour l’environnement, impactent négativement la biodiversité et la vie de certaines populations.
Par exemple, la fabrication de certains bio-pesticides pour l’agriculture biologique demande une très grande quantité de pyrèthre, une fleur et insecticide naturel.
Une fois réduits en poudre et pulvériser sur un champs, le pyrèthre détruit sans distinction tous les insectes, les indésirables mais aussi les abeilles, les organismes aquatiques et les reptiles.
L’exploitation de champs de pyrèthre se fait essentiellement au Kenya. Si les conditions climatiques sont optimales, c’est bien la main d’oeuvre à très bas prix qui attire.
Les cueilleuses sont rémunérées au kilo de fleurs (7 centimes par kilo). Elles peuvent ainsi espérer gagner 60€ maximum par mois, la moitié du salaire minimum au Kenya.
Deux femmes Kenyanes rémunérés au poids de fleurs ramassés
Il est donc essentiel pour les entreprises d’élargir leur évaluation en utilisant d’autres outils et méthodes pour obtenir une vision globale de l’impact environnemental et sociétal de leurs produits.
La mise en œuvre de la PEF au niveau des entreprises nécessite une certaine expertise technique et une allocation conséquente de temps et de ressources, ce qui peut s’avérer difficile pour certaines.
Elle implique premièrement de créer l’Analyse du Cycle de Vie pour chaque catégorie de produit.
De nombreuses entreprises proposent leurs services pour accompagner les fabricants :
Une fois que vos caractéristiques PEF sont définies, comment les rattacher à vos produits ? Comment centraliser toutes les données techniques, marketing, réglementaires, visuels, labels, tarifaires ? Comment partager ses données produits auprès de vos clients et distributeurs ?
Daiteo vous accompagne dans la gestion et la centralisation de vos données produits.
Plus qu’un PIM, l’outil est spécialisé sur les échanges entre fabricants et distributeurs.
Nous vous aidons à être plus réactif face aux nombreuses demandes de données produits, à remplir rapidement les fichiers Excel de vos distributeurs et à créer des fiches PDF selon vos besoins (fiche technique, offre tarifaire, mini-catalogue).